Philosophie - Cours - La Conscience

La conscience en philosophie

Définition : la conscience est la faculté de réflexion qui permet à la fois de se savoir conscient et de se représenter et de connaître le monde extérieur.

1. Quel est le propre de la conscience humaine ?

La conscience humaine selon Kant

Emmanuel Kant, philosophe de l'époque de Lumières, soutient que seul l'être humain peut dire "je" et se savoir conscient. La conscience est ainsi une caractéristique propre à l'humain. Par exemple, en disant "je pense", un individu montre sa conscience de ses propres pensées et de son existence.

La conscience animale et humaine selon Feuerbach

Ludwig Feuerbach affirme que les animaux ont une conscience, mais elle est limitée au sentiment de soi. La conscience humaine est donc différente de celle des animaux de par sa capacité à se représenter et à connaître le monde extérieur. Par exemple, un chien peut avoir conscience de lui-même et de sa faim, mais il n'a pas la même capacité à réfléchir sur le monde et les autres êtres qui l'entourent comme un être humain.

Examinons maintenant les idées de Jean-Paul Sartre, philosophe majeur de la seconde moitié du XXème siècle.

L'intentionnalité de la conscience selon Sartre

Jean-Paul Sartre considère que la conscience est caractérisée par l'intentionnalité, c'est-à-dire qu'elle est toujours dirigée vers quelque chose (un objet, une idée, une émotion...). Par exemple, lorsque nous avons faim, notre conscience est dirigée vers l'idée de manger et les sensations qui y sont associées.

2. La conscience définit-elle le sujet ?

Le sujet pensant selon Descartes

René Descartes (1596 - 1650), philosophe du courant rationaliste et mathématicien,  estime que c'est par la conscience que le sujet se connaît comme chose qui pense. La conscience est donc ce qui définit le sujet en tant qu'entité pensante. Un exemple concret de cela est l'adage "Cogito, ergo sum" (Je pense, donc je suis).

Continuons avec les réflexions de John Locke.

L'identité du sujet à travers le temps selon Locke

John Locke soutient que c'est par la conscience que nous nous identifions comme sujet à travers le temps. La conscience permet ainsi de maintenir une continuité et une cohérence du sujet dans le temps. Par exemple, la conscience permet à un individu de se souvenir de ses expériences passées et de les intégrer à son identité présente.

L'identité narrative selon Ricœur

Paul Ricœur considère que ce qui définit le sujet est sa capacité à se réciter sa vie comme une histoire. La conscience est donc ce qui permet au sujet de se construire une identité narrative. Par exemple, un individu peut se souvenir de ses expériences passées, les organiser en une histoire cohérente et ainsi se construire une identité personnelle.

Le sujet corporel selon Merleau-Ponty

Maurice Merleau-Ponty, philosophe contemporain de Jean-Paul Sartre, affirme que le sujet est d'abord, avant tout, par son corps, une présence au monde. La conscience est donc inséparable de la corporéité du sujet. Par exemple, notre conscience est enracinée dans notre corps, qui nous permet d'interagir et d'expérimenter le monde qui nous entoure.

3. La conscience permet-elle au sujet de se connaître ?

La connaissance de soi selon Platon

Platon, philosophe majeur de l'antiquité grecque, soutient que, avant de chercher à se connaître, il faut savoir ce qu'est le soi. La conscience, en permettant la réflexion sur soi, est une condition préalable à la connaissance de soi. Par exemple, pour se connaître, un individu doit d'abord réfléchir sur ce qui constitue son essence et sa personnalité.

Le sujet connaissant et inconnu selon Schopenhauer

Arthur Schopenhauer considère que le sujet est ce qui connaît mais n'est jamais connu. La conscience est ainsi insuffisante pour permettre une connaissance totale de soi. Par exemple, un individu peut connaître certaines facettes de sa personnalité, mais il est impossible d'avoir une connaissance complète et exhaustive de soi-même.

Abordons à présent les idées de Friedrich Nietzsche.

Le sujet et l'histoire selon Nietzsche

Friedrich Nietzsche, philosophe allemand de la fin du 19ème siècle, affirme que notre identité est introuvable, car nous sommes le produit de l'histoire. La conscience ne permet donc pas de se connaître pleinement, car elle est limitée par notre héritage historique et culturel. Par exemple, un individu peut se connaître en partie, mais il ne peut échapper à l'influence de son contexte historique et culturel.

4. La conscience m'appartient-elle ?

La conscience collective selon Nietzsche

Nietzsche, toujours, soutient que la conscience est un phénomène collectif avant d'être individuel. La conscience est ainsi largement influencée par les forces sociales et culturelles qui nous entourent. Par exemple, notre conscience est façonnée par notre éducation, notre langue, nos croyances et les normes de notre société.

La conscience morale selon Jankélévitch

Vladimir Jankélévitch estime qu'une conscience qui s'appartient est tout à soi : elle est conscience morale. La conscience est donc à la fois individuelle et responsable de nos actions morales. Par exemple, un individu est responsable de ses choix et de ses actes en fonction de sa propre conscience morale, qui lui appartient et le guide dans ses décisions.

La conscience sociale selon Durkheim

Émile Durkheim considère que la conscience sociale est une conscience autonome. La conscience individuelle est donc liée à la conscience collective, qui régit les normes et les valeurs d'une société. Par exemple, un individu peut se sentir coupable ou fier de ses actes en fonction des normes et des valeurs de sa société, qui influencent sa conscience personnelle.

La conscience morale innée selon Rousseau

Enfin, Jean-Jacques Rousseau, affirme que la conscience morale est innée en nous et précède la réflexion. La conscience est donc une faculté naturelle qui nous permet d'agir selon des principes moraux et éthiques. Par exemple, un individu peut éprouver un sentiment d'injustice face à une situation sans avoir besoin de réfléchir longuement aux principes moraux qui la sous-tendent.

Biographie : Emmanuel Kant (1724-1804)

Emmanuel Kant est un philosophe allemand de l'époque moderne, considéré comme l'un des penseurs les plus importants de la philosophie occidentale. Son œuvre majeure, la "Critique de la raison pure", traite notamment de la nature de la connaissance et de la relation entre la raison et l'expérience. La notion de conscience est au cœur de sa réflexion philosophique.

Biographie : René Descartes (1596-1650)

René Descartes est un philosophe, mathématicien et physicien français, souvent surnommé le "père de la philosophie moderne". Il est notamment connu pour sa célèbre formule "Cogito, ergo sum" (Je pense, donc je suis), qui souligne l'importance de la conscience et de la pensée dans la définition du sujet. Ses œuvres majeures incluent "Le Discours de la méthode" et "Les Méditations métaphysiques".

Biographie : Jean-Paul Sartre (1905-1980)

Jean-Paul Sartre est un philosophe, écrivain et dramaturge français, l'une des figures centrales de l'existentialisme. Son œuvre aborde des questions liées à la liberté, la responsabilité, l'authenticité et la conscience. Dans son ouvrage majeur, "L'Être et le Néant", Sartre développe l'idée que la conscience est intentionnelle et qu'elle est à la fois ce qui révèle et ce qui est révélé.